30 avril 2011 l'assemblée des délégués (Zurich)

Renforts et finances – débat sur la rémunération

Florian Sorg donne en premier lieu la parole à l’Union Suisse des Artistes Musiciens (USDAM). Cette association de membres d’orchestres professionnels suisses et de musiciens indépen¬dants adopte une position très claire: les tarifs qu’elle recommande sont justes. Mais qu’impliquent-ils concrètement pour les orchestres amateurs, leurs concerts et leurs cotisations ?

Martin Albrecht, musicien professionnel, et Felix Haller, étudiant en musique, ont tous deux fait l’expérience que les gages sont très souvent l’objet de «marchandages» — alors que les factures d’autres artisans sont payées sans discussion. Ils se réjouissent donc des recommandations de l’USDAM. Pour Beat Santschi, président de l’USDAM, de telles références sont rendues nécessaires par le fait qu’«aucun pays du monde» ne dispose d’un marché libre dans le domaine culturel. Autrefois, l’Eglise ou le roi prenaient la culture en charge; aujourd’hui, c’est à l’Etat et aux offices de la culture d’assumer cette tâche. La musique étant encore considérée comme un nice to have, un luxe, et non comme un élément indispensable de la vie publique, ni un orchestre symphonique ni un opéra ne peuvent subsister sans le soutien des administrations. En cas de négociation des gages des musiciens de renfort, il convient au moins de tenir compte des recommandations tarifaires de l’USDAM. Celles-ci peuvent être consultées sous www.smv.ch; pour toutes questions, vous pouvez aussi vous adresser aux sections.

Yvonne Mauz, trésorière de l’Orchestergesellschaft Winterthur, pointe le revers de la médaille: lorsqu’un orchestre amateur doit faire appel à plusieurs renforts pour un concert, il ne dispose le plus souvent que d’un budget réduit pour les payer.

Plusieurs voix s’élèvent pour conseiller d’engager des amateurs et non des professionnels. Les amateurs jouent souvent en dessous des tarifs USDAM. A long terme, ils peuvent même devenir membres. Les professionnels présents soutiennent cette idée: l’objectif des orchestres amateurs est bien de faire jouer des musiciens amateurs. Néanmoins, dans les cas où de petites formations sont sollicitées et rémunérées, par exemple pour accompagner un choeur, nous nous trouvons confrontés à l’épineuse question de savoir si les amateurs ne «barbotent» pas le travail des professionnels.

Un point fait l’unanimité: qui engage des musiciens professionnels doit les indemniser convenablement (et non les « dédommager » !). Cela implique toutefois que les orchestres budgétisent des gages relativement élevés, ce qui nous conduit à la question des recettes. Une collecte à 5 000 francs, que certains prétendent avoir déjà réalisée, relève de l’utopie pour la grande majorité des orchestres. Quant à la proposition de hausser à 3000 francs la contribution annuelle, elle ne convainc personne: un orchestre n’est pas un club de golf... Par quels moyens augmenter ses recettes ? Daniel Schranz, président de la SFO et du Kammerorchester Uetendorf, propose l’idée suivante: il s’appuie sur le fait que les membres d’un orchestre sont également des consommateurs. Lorsqu’un membre fait, par exemple, rénover sa maison, il donne l’adresse de l’entreprise impliquée au trésorier de son orchestre afin que celui-ci lui envoie une lettre personnalisée avec demande de sponsoring. Daniel Schranz ne précise toutefois pas si la méthode a du succès. La rémunération des étudiants en musique a également été abordée. Les uns sont partisans d’une application immédiate des tarifs de musiciens professionnels; d’autres comparent la situation avec les autres métiers et leurs systèmes de stages, dans lesquels le salaire n’est pas versé intégralement. Jusqu’à présent, l’USDAM a fait preuve de réserve sur le sujet.

Dernier point essentiel: les taxes sociales et cotisations AVS. Depuis peu, elles doivent être payées par l’em¬ployeur (c’est-à-dire par les orchestres) à chaque engagement. Nous organiserons un débat spécialement dédié à ce sujet.

Il est 15 h 30 — que le temps passe vite! — et les délégués souhaitent pouvoir profiter encore un peu du soleil. Installés à la terrasse d’un café, vont-ils marchander le prix de l’expresso ou de la bière ? !

Roman Häfliger-Cánepa